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C’est un petit événement en soi : Emmanuel Macron est attendu à 12h45 ce mercredi au 16 rue Cadet, dans le IXe arrondissement de Paris, au siège du Grand Orient de France. La principale obédience maçonnique célèbre en effet cette année ses 250 ans, ou plus précisément l’anniversaire de l’appellation “Grand Orient de France”.

Une occasion toute trouvée pour que le président resserre encore un peu ses liens avec les frères, même si l’Elysée assurait hier qu’il est simplement “respectueux des consciences et des expressions des uns et des autres”, invitant la presse à ne pas faire “d’autre lecture de ce déplacement”.

Sa deuxième visite depuis 2016

Car il fallait bien un tel prétexte. S’il n’est pas rare qu’un ministre ou même un président de chambre parlementaire s’y rende, la venue d’un chef de l’Etat au siège du Grand-Orient n’a en effet rien d’habituel. Emmanuel Macron est certes déjà “venu ‘plancher’ dans le temple Groussier de la rue Cadet”, comme l’a rappelé Le Figaro, mais il n’était alors que ministre de l’Economie.

La visite avait d’ailleurs été organisée par l’un de ses proches de l’époque, Gérard Collomb, un franc-maçon revendiqué. François Hollande, lui, était venu en 2017 pour le tricentenaire de la maçonnerie. Il n’était alors que le second président en exercice après… Emile Loubet — élu en 1899 —, premier président de la République à s’exprimer en ces lieux.

“S’il n’y avait pas eu les 250 ans, pour le coup, ça aurait été surinterprété, c’est plutôt intelligent”, convenait hier auprès de POLITICO Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France de 2013 à 2016.

La visite sera avant tout pour Emmanuel Macron l’occasion de “manifester une forme de reconnaissance de la République à l’égard du Grand Orient et de ce qu’il représente dans l’histoire de notre pays”, expliquait l’un de ses conseillers hier lors d’un échange téléphonique avec la presse.

Il faut dire que la relation entre Emmanuel Macron devenu président et les francs-maçons a failli commencer sur un malentendu : son choix de prononcer son discours d’investiture en 2017 devant la pyramide du Louvre — la pyramide est un symbole maçonnique — avait été à tort perçu par certains comme un clin d’œil envoyé aux frères.

La nomination de ministres affichés ou réputés franc-maçons comme Gérard Collomb, mais aussi Richard Ferrand et Jean-Yves Le Drian, avait également alimenté les rumeurs. Mais son style de gouvernance très verticale et son rapport à la question religieuse avaient vite fait déchanter dans les Loges.

Discours sur mesure

Le chef de l’Etat profitera aussi de sa venue aujourd’hui pour aborder certains sujets qui tiennent à cœur aux différentes loges — à la fois dans son discours et au cours du déjeuner offert par le grand maître du Grand Orient, Guillaume Trichard, en présence des représentants d’autres obédiences maçonniques (Grande Loge de France, Grande Loge nationale française, Droit humain, Grande Loge féminine de France, Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra).

D’abord la défense de la laïcité, bien sûr. Un sujet sur lequel il a soufflé le chaud et le froid depuis sa première élection. Le discours des Bernardins, en 2018, à l’adresse de la communauté catholique et dans lequel il avait déclaré vouloir “réparer le lien entre l’Eglise et l’Etat”, avait notamment été mal reçu côté frères. Mais l’évolution du chef de l’Etat vers une laïcité plus combattive, depuis, les avait rassérénés. Le “malaise” s’est “dissipé au fil du temps”, assurait hier le conseiller élyséen cité plus haut.

Récemment, l’arrivée Rue de Grenelle de Gabriel Attal a aussi mis de l’huile dans les rouages : “Le Grand Orient n’était pas très convaincu par l’action de Pap Ndiaye”, explique Daniel Keller dans un doux euphémisme. “Avec Attal, on prend le problème par le bon bout”, souligne-t-il encore, dans une allusion non dissimulée à l’interdiction de l’abaya à l’école, perçue comme un bon premier geste “symbolique” du nouveau ministre de l’Education nationale.  

Autre thème d’intérêt pour les Francs-Maçons : la bioéthique, et singulièrement la question de la fin de vie. Une question que Daniel Kessler qualifie même “d’épidermique”, rappelant que feu le sénateur franc-maçon Henri Cavaillet fut le premier à déposer une proposition de loi sur le sujet. “Il est vraisemblable que le sujet soit abordé dans le discours” s’est contenté de commenter l’Elysée, sans préciser si le président profiterait de l’opportunité pour apporter quelques réponses attendues sur ses intentions, et notamment s’il évoquerait l’éventualité d’un référendum.

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