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La source d’informations quotidiennes sur la tech en France.

Par OCÉANE HERRERO

Avec KLARA DURAND et ÉMILE MARZOLF

Infos, tuyaux et mini-drames à partager ? Ecrivez à Océane Herrero, Klara Durand, Emile Marzolf et Tiphaine Saliou | Voir dans votre navigateur

AU MENU

— Intelligence artificielle : la France veut son institut de l’open source.

— Information : éditeurs de presse et influenceurs font un pas l’un vers l’autre.

— Budget : les acteurs de l’inclusion numérique repartent au combat.

Bonjour à toutes et à tous, nous sommes le lundi 18 novembre et vous lisez Tech Matin.

LE FAIT DU JOUR

IA DU PUBLIC, IA DU PRIVÉ. Si, comme le dit la chanson, you’re going to San Francisco cette semaine, vous serez en bonne compagnie. Car la ville accueille un sommet international sur la sécurité de l’intelligence artificielle (IA) où se rendront des figures françaises, comme la secrétaire d’Etat à l’IA et au numérique Clara Chappaz et l’envoyée spéciale en charge de l’IA Action Summit, Anne Bouverot. Pour cette dernière, ce nouveau rassemblement de la saison sera l’occasion de promouvoir l’un de ses grands projets en vue du sommet français : la création d’une organisation dédiée au soutien des projets open source.

On en sait plus. L’un des objectifs est de faciliter l’accès aux données. “Nous faisons face à plusieurs problèmes systémiques, dont le fait que nous n’avons pas accès à assez de données de bonne qualité — c’est notamment le cas pour les données de santé. Mais nous devons nous assurer que leur collecte respecte la vie privée. On ne peut pas mener la révolution industrielle de l’IA sans avoir trouvé une solution sur le partage des données sensibles”, explique une source proche de l’organisation du sommet à votre serviteure.

Question de forme. Fonds, fondation, plateforme ? La forme exacte de cette organisation n’est pas encore gravée dans le marbre. “Nous voulons une structure qui soit assez décentralisée pour accueillir ces initiatives, et qui ait ses ressources financières”, précise la même source.

Question de fonds. Le projet aiguise en tout cas la curiosité des acteurs privés et associatifs. “L’organisation viserait à financer des projets d’IA d’intérêt public qui n’auraient aucune incitation commerciale. C’est une très bonne idée en soi, mais il faut bien ficeler le tout”, note un lobbyiste impliqué. Un autre, croisé au Vélodrome pour l’Artificial Intelligence Marseille (AIM), s’amuse : “On s’attend à ce qu’on demande aux entreprises de le financer, donc on devrait être rapidement informés de la suite.”

Outre des concertations avec les acteurs de la tech, les organisateurs du sommet prévoient une conférence de presse en décembre, nous précisent deux sources proches de l’organisation. L’objectif sera de donner des précisions sur le déroulé de ce grand raout, ainsi que sur les fameux “livrables”, attendus sur chacun des cinq piliers : l’IA au service de l’intérêt public, l’avenir du travail, l’innovation et la culture, l’IA de confiance, et la gouvernance mondiale de l’IA.

Si vous prévoyez d’ores et déjà de réserver votre hôtel, sachez en tout cas que le sommet se déroulera à Paris, notamment dans le temple de l’écosystème des start-ups, Station F, a appris votre infolettre.

RÉGULER ? NON MA GÂTÉE. Deux acteurs de poids dans l’écosystème français de l’IA — le patron d’Iliad Xavier Niel et le vice-président de Meta en Europe Laurent Solly — ont profité du micro de l’AIM à Marseille, vendredi, pour passer un message aux régulateurs. Leur mot d’ordre : la sta-bi-li-té. “Quand je rencontre des ministres, ils me disent souvent : ‘Qu’est-ce qu’on peut faire pour vous aider ?’ Pour soutenir l’économie, il faut surtout de la stabilité”, a fait valoir Niel. Laurent Solly, lui, a estimé que la régulation en Europe était “imprévisible, fragmentée et incohérente”.

MÉDIAS

PAS À PAS. Les échanges se poursuivent entre les éditeurs de presse générale (représentés par l’Apig) et la fédé des influenceurs (l’Umicc). Des représentants des deux organisations se sont rencontrés, vendredi, pour évoquer la labellisation des influenceurs d’information. Un dossier déjà débroussaillé par ma collègue Klara Durand, juste ici.

Ce qu’ils se sont dit. L’Umicc aimerait que les vidéastes spécialisés dans le traitement de l’actualité, comme Hugo Décrypte, Gaspard G ou Sally, puissent obtenir un statut qui les différencie des influenceurs proposant du divertissement. De son côté, l’Apig a reconnu que le “changement d’usage concernant la consommation de l’information”, en particulier “par les jeunes générations”, a-t-elle indiqué à votre infolettre.

Pour autant, l’Apig ne souhaite pas se prononcer sur une reconnaissance de ces influenceurs d’informations par la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP) et attend que l’Umicc clarifie son positionnement. En somme, aucun des deux acteurs n’est parvenu à trouver une issue idéale. “On se retrouve sur des axes communs”, souligne, malgré tout, un proche du dossier à ma collègue Klara Durand. Les tractations semblent loin d’être terminées.

INCLUSION NUMÉRIQUE

CASE DÉPART. Les acteurs de l’inclusion numérique repartent au combat pour sauver les 4 000 postes de conseillers numériques déployés sur le territoire. Souvenez-vous : le budget qui leur a été alloué dans le PLF 2025 est réduit à peau de chagrin. Tout juste de quoi financer 1 500 postes.

Convergence des luttes. A l’Assemblée, la Mednum, coopérative qui représente le secteur, avait trouvé des relais pour porter son message : une douzaine d’amendements, déposés par des élus de tous bords, avaient été déposés pour tenter de sauver le financement des conseillers numériques. Preuve, selon sa déléguée générale Dorie Bruyas, que l’inclusion n’est pas “un sujet d’opinion politique, mais de continuité du service public”.

Le rejet du texte par la Chambre basse et sa transmission au Sénat rebat les cartes. Le travail de persuasion reprend donc auprès des sénateurs, souvent plus sensibles au sujet des finances des collectivités… Plusieurs d’entre eux sont bien partis pour s’emparer du sujet : Patrick Chaize (LR) et Bernard Delcros (UC) ont déjà prévu de déposer des amendements, et des discussions ont été engagées avec Catherine Dumas (LR). Christian Redon-Sarrazy (PS) mène, quant à lui, des auditions pour la Commission supérieure du numérique et des postes sur l’avenir des conseillers numériques.

INFLUENCEURS

INFLUENCEUR DANS LE VISEUR. Il y a une semaine, la fermeture de son compte TikTok, suivi par 4 millions de personnes, a remué la galaxie influence. La créatrice de contenu Ophenya est désormais également dans le viseur des autorités. Le parquet de Paris a confirmé à votre infolettre avoir reçu un signalement de la mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Ce signalement est en cours d’analyse, précise le parquet.

Depuis plusieurs mois, Ophenya est soupçonnée de “dérives sectaires” par le collectif bénévole “mineurs éthiques et réseaux” (Meer), comme vous le raconte ma collègue Klara Durand.

TikTok on the clock. De son côté, Ophenya n’a pas renoncé à TikTok pour autant : elle utilise un deuxième compte, “Ophenyaspam”, pour s’adresser à sa communauté. Lequel est suivi par un peu plus de 800 000 personnes. Ce profil secondaire est lui aussi dans le radar de l’application, assure un porte-parole de TikTok à votre infolettre. Mais il demeure pour le moment actif, car il respecte les règles communautaires du réseau social. Contrairement à l’autre, “définitivement supprimé”, nous indique la plateforme.

Version longue. Ophenya a pour sa part déclaré, dans une vidéo YouTube, faire l’objet d’une campagne de cyberharcèlement et de diffamation visant à nuire à son activité.

DU CÔTÉ DE BRUXELLES

LES ENFANTS D’ABORD. Dans une lettre ouverte, plus de 70 organisations de protection de l’enfance appellent les décideurs politiques à prioriser les intérêts de l’enfant sur le maintien du chiffrement, dans le règlement sur les abus sexuels sur mineurs en ligne (CSAM), rapportent mes collègues bruxellois de Morning Technology.

Pour mémoire, les gouvernements de l’UE doivent encore trouver une position concernant ce texte, deux ans après sa présentation par la Commission européenne. Le principal point d’achoppement porte sur l’obligation faite aux services de messagerie de scanner les images et les conversations entre les délinquants et les victimes potentielles —  ce que l’on appelle le grooming. Le sujet est à l’ordre du jour du Conseil Justice et Affaires intérieures du mois prochain.

AGENDA

A partir de 16 heures, début de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 en séance publique au Sénat.

MERCATO

Alice Chaillan est nommée membre du conseil d’administration de l’Agence nationale des fréquences (ANFR). Elle remplace Mélanie Berton-Olschewski.

Florence Gainot est nommée conseillère chargée de l’économie de la consommation et des relations commerciales au cabinet de Laurence Garnier, secrétaire d’Etat chargée de la Consommation.

RESTEZ BRANCHÉS

— Michel Barnier regrette un excès de “dématérialisation” des services publics, face à la solitude de certains Français, rapporte BFMTV.

— Milliards, divorce et rancœurs : le journal Les Echos fait le récit de la féroce bataille entre Elon Musk et OpenAI.

— Des fans de Taylor Swift attaquent la plateforme Ticketmaster en justice en s’appuyant sur une loi sur la criminalité organisée, raconte Wired. 

Un grand merci à : notre éditrice Tiphaine Saliou et Jean-Christophe Catalon.

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